HOME | DD

Published: 2015-08-29 21:01:12 +0000 UTC; Views: 277; Favourites: 16; Downloads: 0
Redirect to original
Description
Freud avait beau jeu avec son histoire des trois blessures narcissiques. Copernic, Darwin et lui-même. Il y a deux autres trahisons bien plus cuisantes puisqu'elles tranchent dans la chair de chaque individu. La première c'est celle de la biologie. La seconde c'est celle de la matière. Enfant, nous aimons nous croire identiques à une pâte à modeler, nous nous imaginons moulés d'un bloc homogène, pleins de nous-mêmes en somme, la même substance identitaire partout dedans dehors. La médecine nous révèle peu à peu toute une tuyauterie haïssable qui parcourt nos intérieurs, des veines, des artères qui se faufilent sous la peau, des organes qui semblent avoir une vie propre et des humeurs et des caprices sur lesquels nous avons peu de prise. Nous nous rassurons alors avec l'idée que la matière, au moins, qui nous donne forme, que les briques dont nous sommes faits, sont immuables. Or la physique transforme ce monde en une vapeur, nous fait voir les molécules qui nous composent comme une émulsion tourmentée. Les noyaux se brisent, se reconstituent, échangent sans cesse des électrons avec les voisins, à tel point que cet atome, qui entre dans notre composition, n'est cet atome précis que pendant une fraction de seconde, n'est déjà plus cet atome. Le monde des particules est une chute perpétuelle, une glissade continue, un vent violent contre lequel notre forme se reconquiert de haute lutte à chaque instant.Aidez le Belrad.
Help Belrad.
La série : La catastrophe silencieuse